Vanité

Photo de Philippe Rouyer : Vanité

La flamme s’éteint, c’est le dernier souffle, les volutes de fumée s’enroulent et se dispersent dans le néant. L’ensemble des éléments réunis évoque des symboles de finitude, du caractère inéluctable du cycle de vie.

Les objets sont disposés sur un fond de tenture sombre et sur un plateau de bois brun qui font ressortir l’éclat de la matière cuivre et or du bougeoir, la blancheur des crânes, de la page du livre, la pâleur des pétales de roses, et le jaune flamboyant de la bougie.

Cette photo met en exergue des symboles de la mort avec beaucoup d’élégance dans la disposition des objets qui trouvent tous leur place sans gêner la lecture de l’image. Trois d’entre eux sont verticaux et rythment les emplacements par tiers. Les autres sont posés horizontalement et forment des diagonales qui communiquent : les deux crânes se rejoignent presque, ainsi que les trois godets et la plume. Les couleurs jaune et rose apportent un certain chatoiement à l’ensemble éclairé avec douceur.

Les crânes de renard et de goéland, la plume, le coquillage révèlent la mort. Il n’y a plus trace de vie dans ces parties organiques qui un jour ont donné grâce, caractère et dynamisme à des êtres vivants.

Les roses fanées, le vase cassé représentent le temps écoulé qui leur a fait perdre leur brillance, leur pureté, leur prestige. La beauté est fugace.

Les trois godets en bronze sont vides. La réalité n’a plus rien à peser, à mesurer. Les biens matériels de ce monde et la notion de possession sont devenus obsolètes.

 Le livre où l’on peut deviner un titre « Histoire Naturelle » rappelle la somme des connaissances recueillies en ses feuillets, connaissances bien nécessaires dans une vie, mais si fragilisées par les perceptions, représentations, croyances qui bien souvent tiennent lieu de connaissances.

L’art de la « vanité » est un appel à la réflexion sur l’existence humaine, la fuite du temps, le sens naturel de la vie et de la mort. C’est une incitation au « Carpe Diem », vivre et accueillir le présent et s’en réjouir.

Suzanne Bissardon OIL