Fleury Chevallier

Présence, courbes et douceur

Nous avons sous les yeux une photographie d’un tableau d’une jeune femme qui semble enchâssée, prisonnière derrière un rideau de fer… peut-être un rideau de fer de protection d’une boutique d’antiquaire.

La silhouette est toute en douceur, confiance, attente et détente, en acceptation du moment…

La lumière structure l’image : l’éclairage du rideau de fer, du haut à gauche vers le bas à droite, répond exactement et harmonieusement à celui du portrait de la jeune femme.

Le fond sombre de bleus verts réhausse la clarté, douce et feutrée des colorations ocre-rouge, qui va du visage jusqu’aux mains.

Cette dissociation des couleurs suit une diagonale séparant la photo en un tiers/deux tiers.

Le photographe a positionné très précisément le rideau de fer pour que les endroits clés du portrait restent bien visibles : les points centraux sont l’œil de la jeune femme, les courbes de son nez et de son front, prolongeant sa joue et son fichu sur la chevelure, jusqu’aux doigts entrecroisés. Les courbes ainsi formées sont des plus agréables au regard.

Le rideau de fer, placé de cette façon par le photographe, n’altère en rien ce que le peintre a voulu exprimer. A partir du tableau, le photographe a créé une adaptation de cette œuvre des plus délicates.

Malgré « l’enfermement » que pourrait suggérer cette « prison », le regard de la jeune femme, dirigé, fixé vers le haut, attentionné, ardent, presque impatient, et ses mains à la fois tranquilles et animées, laissent supposer qu’elle se laisse porter vers le haut…  Que, qui regarde-t-elle ?

Comme aurait pu dire René Magritte, « Ceci n’est pas une prison ».

Philippe ROUYER OIL