Photo : Stéphane Ancel
D’après les indications de l’auteur, « la photo a été prise au parc de la tête d’or à Lyon, tôt en matinée lorsque la brume recouvre encore une grande majorité des pelouses à proximité du zoo ».
Cette photo me demande un certain délai de perception, le temps que le regard progresse d’un endroit à l’autre, dans l’asymétrie de la composition entre le côté droit très riche d’informations et le côté gauche qui émerge d’un léger brouillard.
Je vois un grand nombre de lignes et formes verticales : tout d’abord les colonnes, les troncs d’arbres, les pylônes en arrière-plan à gauche. Ces lignes découpent la photo en un rythme d’intervalles réguliers entre plein et vide.
En contraste, la rotonde apporte une forme circulaire, prolongée au sol par celle des sentiers.
Le tronc de droite et sa branche aux feuilles mordorées en premier plan, comme les feuillages très colorés des arbustes grimpant le long des colonnes de la rotonde, ainsi que sa coupole verdoyante, donnent une touche champêtre à ce lieu mitigé entre éléments d’urbanisation et parc de verdure et de tranquillité.
Les formes verticales sont de teinte grise, noire pour le tronc de premier plan à droite, les autres couleurs varient dans tous les tons automnaux.
L’uniformité de la droiture tendue vers le ciel pourrait faire naitre un climat de raideur, une stabilité abrupte, une robustesse inflexible, mais paradoxalement, c’est plutôt l’équilibre, la douceur, la luminosité nuancée, les couleurs chatoyantes qui l’emportent.
Peut-être parce que les couleurs de la végétation occupent les premiers plans, et que l’arrière-plan reste dans un fond gris discret.
Le tronc de droite permet de rattacher au réel un fragment de rêve un peu vaporeux contenu dans la photo.
Ce théâtre de verdure donne une sensation de stabilité et de bien-être, invitant à la danse des elfes.
C’est une atmosphère joyeuse, un peu mystérieuse, qui vibre de fraicheur, de grâce, d’enchantement.
Suzanne Bissardon