” Le marcheur” Patrick Chenal

Thème libre.                                     Auteur : Patrick CHENAL

 

 

Les auteurs peuvent travailler sur un thème, ou faire la démarche de choisir un style de photo qui leur parlent.

Dans le cas précis, la photo de Patrick est particulièrement représentative de la photo de rue, ou street photo.

Je dis, qu’elle est représentative parce qu’elle raconte une histoire, et qu’on aurait bien aimé la faire.

Pour qu’une analyse soit le plus complète possible, elle doit répondre au moins à 3 critères :

Ce que je vois, ce que je sais, ce que je ressens.

L’auteur a appelé cette photo marcheur, il y a dans ce titre une notion de passage, d’engagement.

C’est une photo couleur prise en mode portrait. On identifie rapidement un jeune homme qui marche dans la rue, habillé de façon moderne, avec une écharpe assez grosse et d’un sac à dos. La rue n’a l’air ni très large, ni très passante puisqu’il marche au milieu, et elle descend légèrement.  On voit en arrière-plan un mur couleur jaune pâle sur lequel il y a un dessin, ou plus exactement, un collage.

C’est le dessin d’un homme à tête d’oiseau, muni d’écouteurs, des rameaux sortent de sa tête.

Le plus frappant dans l’histoire, c’est ce mimétisme entre le jeune homme et le dessin, hormis la tête et le sac.

Je sais que l’auteur a l’habitude de photographier sur les pentes de la Croix Rousse à Lyon, c’est un quartier ou l’on rencontre souvent des murs peints. Les pentes, quartier des canuts, sont l’âme de Lyon, reconnues pour ses engagements historiques et ses traboules. C’est un lieu où les artistes de rue ont l’habitude de s’exprimer au travers de graphs, de peinture, de sculpture.

La prise de vue est millimétrée, le dessin et le jeune homme ne se chevauchent pas.

Patrick recherche ce type de dessin et attend l’instant décisif. Il prend ses photos de façon assez frontale.

Au niveau symbole, l’oiseau représente souvent la vie, et les ramures les objectifs, mais ça peut être aussi très onirique.

Je ressens que l’auteur ne fait pas ses photos au hasard, et qu’il y a une vraie recherche. Cette photo n’a rien de descriptif, c’est pas seulement une belle photo, elle raconte une histoire, et il y a une complicité, non formalisée,  entre l’auteur, le passant et le dessin.

De plus la couleur du mur est douce et renforce la quiétude de l’instant.

Tout à l’heure, je parlais d’instant décisif, dans ce cas, il faut non seulement appuyer au bon moment, mais avoir le bon passant, avec ce mimétisme, au niveau couleur, démarche. La totale en quelque sorte.

Je ne peux m’empêcher de penser à Henri Cartier Bresson quand je vois cette photo, qui est un peu notre maitre et notre guide.

Cette photo est assez exceptionnelle, parce qu’elle est narrative et rare.

 

 

Claude Brenas OI Lyon